Guillaume &
Mikajoh

Le Graoully est un dragon légendaire qui aurait vécu dans la ville de Metz au IIIe siècle. Son nom tient son origine de l’allemand graülich qui signifie macabre, monstrueux, horrible. Au fil du temps, les orthographes ont sensiblement évolué : Graoulli, Graouilly, Graully ou encore Graouilli.
C’est en plein essor du christianisme au VIIIe siècle que les balbutiements de la légende prennent leur source. Ce n’est qu’à compter du XIe siècle qu’elle prend toute son importance.

Le contenu même de la légende a connu son lot d’évolutions et de modifications.
Tout le monde s’accorde à dire que le monstre était déjà présent dans la ville quand Saint Clément est devenu l’évêque de Metz. Ce dernier organisait régulièrement des réunions et messes dans les ruines de l’ancien amphithéâtre de la ville. C’est dans ce même lieu que des centaines de serpents avaient élu domicile.
Au tout début de la légende, le Graoully n’est rien d’autre qu’un serpent géant qui règne au milieu de ses congénères. Au XIIe siècle, il prend la forme d’un dragon bien plus terrifiant.
Toutefois, l’histoire est sensiblement la même.

Depuis des semaines une créature monstrueuse sème la panique dans la ville.
A la nuit tombée, elle rôde et épie chaque habitant avant de choisir plusieurs proies. Un reptile aux courtes pattes, aux griffes acérées et recouvert d’écailles règne sur la ville. Aucune arme n’arrive à percer sa peau, quelle soit en acier ou en métal plus robuste. Nombreux sont ceux qui l’ont vu planer au-dessus de la ville.
Il se murmure parmi les Messins qu’il a trouvé refuge dans le vieil amphithéâtre gallo-romain de Metz.

Le Graoully vu par Horace Castelli en 1872

Saint Clément tout juste installé et déjà réputé par ses exploits passés est sollicité par un légionnaire. L’évêque était connu notamment pour avoir ressuscité la fille d’un gouverneur romain. Il lui demande d’agir et de libérer les habitants de la terreur liée aux activités meurtrières du Graoully.

Le saint armé uniquement de sa foi se rend dans les méandres du monument délabré.
Il y découvre des dizaines de serpents. D’un signe de croix, il disperse les reptiles qui se mettent à siffler bruyamment. Quelques instants plus tard, un monstre impressionnant apparaît. Il se dresse devant l’évêque. St-Clément ne bouge pas. Il reproduit un nouveau signe de croix et le Graoully se fige une seconde semblant hésiter. L’évêque en profite aussitôt. Il entoure son étole autour de son cou et la maintient fermement. La créature se débat mais ses pattes sont trop courtes pour se défaire de l’emprise.

Saint Clément le traîne alors en dehors des ruines jusqu’au bord de la Seille. Ils débattent une dernière fois avant que le dragon ne sombre dans les eaux de la rivière.
A compter de ce jour, la ville de Metz retrouve son calme. Libres et soulagés, les habitants se tournent alors vers le christianisme. C’est ainsi que le dragon est devenu emblématique de Metz.

Vitrail de la cathédrale St-Etienne,
creative common, auteur : H. Zell

Entre le XIIe siècle et la révolution française, le Graoully tient une place capitale dans la culture messine. Sa mort est commémorée par une procession à la Saint Marc et aux rogations (trois jours qui suivent l’Ascension). Un défilé est organisé dans la ville. Une effigie sous la forme de dragon est au centre de celui-ci. A l’issue, les enfants peuvent le fouetter.

Aujourd’hui, le Graoully est enfermé dans la crypte de la cathédrale St-Étienne où il est visible par tous.

On peut aussi le voir flotter entre les murs des habitations de la rue Taison qui doit d’ailleurs son nom à la légende. Dans ce quartier les habitants avaient peur. Lorsqu’ils sortaient la nuit, ils murmuraient Taisons, taisons-nous afin de ne pas se faire repérer par le Graoully.

Le savais-tu ?

Le Graoully est présent sur plusieurs blasons de la ville avec notamment ceux du Rugby Club de Moselle, du Hockey Club de Metz et du Football Club de Metz. Ce dernier a même le droit à son émission télévisée du nom de Graoully Mag.